Lors d’un salon de créateurs, découvert au hasard d’une balade rue Charlot, j’ai complètement craqué sur les créations de la talentueuse Clara Jasmine (cf. cet article).
Ayant gardé contact avec elle, j’ai eu la chance de la rencontrer à nouveau pour cette interview, d’abord autour d’un thé (et de délicieux cookies) chez Caramelle, puis dans son atelier… Résultat de cette jolie rencontre…

Bonjour Clara,

Merci beaucoup d’avoir accepté cette interview et également de nous ouvrir la porte de ton atelier.

Parle-nous un peu de ton parcours.
J’ai eu des expériences assez variées avant de me lancer dans ce métier. Grâce à un Fongecif, j’ai suivi une formation de styliste modéliste, ce qui était mon rêve depuis longtemps, à l’école Esmod. Suite à cette formation, j’ai fait plusieurs stages dont 3 mois aux Etats-Unis à San Francisco où j’ai travaillé avec un photographe. Je pense que cela m’a beaucoup appris et m’a ouvert l’esprit, une sorte de libération créatrice. J’ai fait d’autres stages plus axés sur le vêtement, la couture (ce qui m’a permis de débuter avec des créations de bijoux utilisant des chutes de foulards en soie anciens).

Parle-nous maintenant de tes créations et de ta marque « Clara Jasmine »
Depuis combien de temps crées-tu des bijoux ?
Au début, je faisais des bijoux pour moi ou pour des copines. J’étais déjà attirée par la dentelle qui restera par la suite un des produits phares à la base de ma collection actuelle.
Je cherchais à l’époque comment faire fusionner le métal et la dentelle et j’ai suivi des cours de gravure dans ce sens. Cela  m’a permis de développer un savoir faire et d’affiner mon travail autour de la dentelle. Cela fait maintenant un an que Clara Jasmine existe. Quant à ma marque, il s’agit tout simplement de mon nom.

Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer ?
La première chose, c’est de savoir ce qu’on veut. Personnellement, je ne me sens vivre que quand je crée. Ainsi, me lancer était finalement devenu une évidence.
Suite à mes différents stages, j’ai décidé de ne pas démarrer dans le vêtement pour commencer, il s’agit d’un domaine plus contraignant que le bijou car la mise en place est plus lourde et complexe. Je pense néanmoins que je reviendrai au vêtement plus tard, plutôt sur des basiques qui s’accorderaient à mes bijoux. Aujourd’hui, je continue de créer mes propres vêtements pour moi ou pour certaines occasions.

Par rapport au fait de se lancer en tant que créatrice indépendante, le principal avantage est qu’on peut être soi-même, sans patron, libre de créer. De plus, en avançant dans le métier, je trouve que j’ai toujours rencontré une bonne ambiance générale que ce soit avec mes fournisseurs, les organisateurs de salons, etc. J’apprends sur le tas, il est important de savoir s’entourer. Ainsi, je fais partie d’une pépinière d’entreprise qui m’aide sur les aspects création d’entreprise, me fournit des comptables, un N° Siret pour facturer, etc. En revanche, sur l’aspect commercial, je gère tout moi-même et songe à embaucher une stagiaire pour développer ces aspects.

Quelles matières, quelles couleurs privilégies-tu ?
Comme je le disais, la dentelle est un élément central dans mes créations actuelles. Je suis constamment à la recherche de dentelles anciennes faites à la main que je chine par ci par là. C’est également un clin d’œil à la lingerie qui donne une image de la femme subtile et sensuelle.

Pour la gravure, j’utilise du cuivre que je retravaille et fait plaquer en 4 couleurs: argent, argent vieilli, vieux cuivre, et noir mat.

Enfin, pour les touches de couleurs, j’utilise des plumes  également chinées, naturelles (de faisan doré par exemple) ou peintes.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Mon travail est inspiré de l’ouvrage des anciennes dentellières auquel j’apporte ma touche personnel par le mélange des matériaux. C’est la fusion du métal et de la dentelle qui donne au bijou son côté à la fois solide et délicat, brut et raffiné, ancien et moderne.

J’ajouterais cependant que c’est aussi en faisant que les idées viennent. Je crée à l’instinct. Sinon, j’ai toujours sur moi un carnet et un crayon car l’inspiration peut surgir à n’importe quel moment de la journée, par des petites choses de la vie quotidienne parfois. Après, il faut laisser le temps de mûrir…

A qui s’adressent tes créations ?
Je souhaite que chaque femme puisse se trouver dans un de mes bijoux. Tous n’ont pas vocation à plaire à tout le monde. Mais je souhaite avoir un éventail de choix qui permet à chacun(e) de trouver ce qui va lui correspondre, qui va en fin de compte révéler son identité. Mes créations ne sont pas liées à une mode, une saison particulière. Je souhaite qu’elles soient intemporelles.
Mais c’est aussi ma vision de la féminité que je donne à travers mes collections pour une femme tour à tour raffinée, glamour, audacieuse, rock, ou bohème.

Quels sont tes projets d’avenir ?
Toujours avancer, pas à pas, chaque chose en son temps…

A plus court terme, je tiendrai plusieurs salons en février alors n’hésitez pas à passer m’y retrouver :
–    « Take me out », Espace des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille du Temple 75004 du 10 au 12 février
–    « Boutique éphémère », Viaduc des Arts, 57 avenue Daumesnil du 7 au 12 février

As-tu des points de vente ? Où peut-on acheter tes créations ?
J’ai plusieurs points de vente pour le moment à Paris et Tokyo et bientôt Rome, une acheteuse m’ayant fait une première commande pour sa boutique Materie :
–    Simonne et Lisa B, 19 rue de Poitou, 75003 Paris http://www.simonneetlisab.com/
–    Camille et Margot, 49 rue Rochechouart, 75009 Paris
–    Leah K, Tokyo
–    Styliste At Work, 2 rue de l’arbalète, 75005 Paris
–    My Philosophy, 55 rue d’Orsel, 75018 Paris

Sinon, je fais également des salons de créateurs ou des ventes privées.
Mon site Internet est en refonte et je songe à ouvrir un e-shop.

Pour finir, peux-tu partager avec nous :
Un bon plan resto ou de bonnes adresses sur Paris ?
–    « Krung Thep », un restaurant thaïlandais, 93 Rue Julien Lacroix, 75020 Paris ‎
–    Le salon de thé « Caramelle », 6 rue de l’arbalète 75005 Paris

Un groupe que tu écoutes en ce moment ?
J’ai des goûts très éclectiques alors c’est difficile de ne citer que quelques noms.
J’aime beaucoup Tiken Jah fakoly, Buena Vista, Grandmaster Flash, NTM, The Doors , Kery James, Ray Charles, Gainsbourg, Pixies, Lenny Kravitz, Nas, Django Reinhardt, Oumou Sangaré, Oxmo Puccino, Blood Orange, Radiohead…

Pour conclure cet article, voici quelques photos de son atelier. Je souhaitais initialement poser des questions plus précises à Clara sur son processus et ses techniques de travail (qui je dois avouer m’intriguaient profondément) mais finalement, je me suis ravisée. Il est plus intéressant de laisse planer un certain mystère autour de ses créations et de se laisser porter par le rêve…

Jetons juste un œil sur sa table de travail et repartons en silence sur la pointe des pieds pour ne pas la déranger…

Merci encore Clara et à très bientôt !